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Résilience
La résilience est un concept polysémique, d’origine physique (mesurée comme le calcul du temps de retour à la normale d’un système après perturbation), transféré ensuite aux sciences sociales et investi notamment depuis les domaines de la psychologie (capacité à récupérer d’un traumatisme), de l’économie (résistance à un choc) ou du social (on parle alors de communautés résilientes). Elle peut être définie comme la capacité d’un individu, d’un collectif, d’une organisation ou d’un (éco)système à retrouver une activité normale suite à une perturbation dans son fonctionnement, ou comme le « niveau de perturbation ou de tension qu’un [eco-]système peut absorber tout en restant capable de revenir à son état antérieur [1] ». Nous privilégierons ici son application dans le champs de l’écologie, où elle « garde […] son sens physique primitif [et] est fonction de l’intensité de la perturbation. Sous cette forme, ce concept s’inscrit dans un paradigme de mono équilibre, où chaque système possède un seul état d’équilibre dont il s’éloigne plus ou moins [2] ».
Au sein de l’analyse écosystémique, on peut distinguer trois types de réponses face à une perturbation externe : résilience, résistance et persistance [3]. La notion de résilience s’inscrit donc comme un outil d’aide stratégique au service d’une nouvelle forme de gestion du risque, basée sur le lien existant entre vulnérabilité et résilience [4] et visant à réduire au maximum les impacts de l’aléa, et non à lui résister [5].
[1] cf. TellUs Institute : http://www.gtinitiative.org/documents/PDFFINALS/14Ecosystems.pdf
[2] cf. André Dauphiné & Damienne Provitolo, « La résilience : un concept pour la gestion des risques », Annales de géographie 2/2007 (n° 654), p. 115-125 : www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2007-2-page-115.htm
[3] cf. Aber J. & J.M. Melillo, Terrestrial Ecosystems. Saunders College Publishing, 1991, 429p., cité dans : http://www.ine.gob.mx/glosario. Notons par ailleurs que la persistance mesure « la seule constance d’un état par rapport à un état de référence [alors que] la résilience correspond à l’aptitude d’un écosystème à revenir à l’état d’équilibre après une perturbation », cf. Dauphiné & Provitolo, Op.cit.
[4] « (…) un système plus résilient est moins vulnérable. Or, si la vulnérabilité est un concept négatif, la résilience est un concept dont la connotation est positive ». […] Certes, un système qui perd une partie de sa résilience devient plus vulnérable. Mais la vulnérabilité intègre deux autres composantes : l’exposition à l’aléa et la résistance ». cf. Dauphiné & Provitolo, Op.cit.
[5] « Soit l’exemple très actuel du changement climatique. Admettons pour simplifier la question qu’il soit bien réel. Il existe face à cette menace deux types de solutions. La première, construite sur une stratégie de résistance, est illustrée par le protocole de Kyoto. Il impose de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette solution a un coût économique, mais aussi social très élevé. Il existe une autre solution, fondée sur la résilience, promouvoir un autre développement avec l’argent qui serait dépensé pour atteindre les objectifs de Kyoto. Il ne s’agit plus de lutter contre le réchauffement, mais d’en réduire les effets. […] Il est difficile de se prononcer sur la meilleure stratégie à suivre, mais les deux approches existent bien, et elles sont fort différentes ». cf. Dauphiné & Provitolo, Op.cit.
Coredem
Exemples
De stratégies et d’indicateurs de résilience :
Face à la difficulté de mesure de la résilience, au delà des quantifications proposées par certaines conceptions disciplinaires (voir ci-dessus), une solution « consiste à construire des indicateurs qui prennent en compte différents paramètres disponibles [1] ». André Dauphiné & Damienne Provitolo en livrent ainsi quelques exemples tels que :
en Asie, « le Pacific Disaster Center a construit un indicateur VESR (Vulnerability, Exposure, Sensibility, Resilience) à l’échelle des États et des régions [où] La résilience est mesurée par une fonction qui prend en compte des indicateurs de production économique, de disponibilité de nourriture et d’eau de qualité, de niveau scolaire, etc. »
« En Amérique du Sud, une méthode similaire consiste à intégrer l’Index de Développement Humain, le pourcentage des dépenses sociales, le taux d’assurance des infrastructures et du bâti, l’Index de gouvernance de Kaufman, le nombre de lits d’hôpital pour mille personnes, etc. L’indice de perte de résilience est obtenu à différentes échelles, puis cartographié » ;
« […] aux Pays-Bas, où pour mesurer la résilience du système face aux inondations fluviatiles, Karine De Bruijn (2005) propose quatre indicateurs. Le premier est simplement le seuil à partir duquel les eaux débordent, au-dessous de ce seuil le système résiste. L’amplitude de la réaction est mesurée par les impacts, puis la gradualité de la réaction est définie par un indice de Gini modifié. Enfin, la vitesse de reconstruction est appréciée par une variable qualitative » [2]
Définition développée
La résilience est a priori un phénomène spontané, mais elle est à même de varier sous l’effet de l’intervention humaine. En effet, si l’on s’en tenait à sa définition comme seule capacité de la nature à se remettre d’une perturbation, la résilience pourrait servir de justification à toutes les dégradations causées par l’intervention humaine sur son environnement. Il s’agit au contraire d’y voir « les solutions que l’humanité entière (ou certaines communautés) cherchent à trouver face aux crises écologiques locales ou globales qu’elle doit affronter (guerres, surpêche, désertification, déforestation, tsunami, crise climatique, etc) [1] ».
« Par rapport à l’écologie, les économistes ont souligné que la résilience pouvait adopter deux formes (Berkes et Folke, 1998). La première, la résilience réactive est semblable à la résilience écologique ou mécanique. La seconde, la résilience proactive, fait référence à deux notions, celles de l’apprentissage et de l’anticipation des sociétés humaines sur le futur [2] ». Ainsi, malgré l’absence de véritable théorie formalisée, certains facteurs déterminants ont été mis en avant pour expliquer la résilience d’un système sujet à une perturbation : la diversité, l’auto-organisation et l’apprentissage (développer une capacité à innover et s’adapter) [3]. Ainsi, « en écologie, la perte de biodiversité est considérée comme un facteur qui réduit la résilience de l’écosystème. En outre, la résilience systémique est directement proportionnelle à l’auto organisation du système […] En sens inverse, divers facteurs réduisent la résilience sociale. L’opposition à toutes les formes d’innovation, un pouvoir excessif punissant toute déviance idéologique, une centralisation excessive des prises de décisions sont des exemples de mécanismes qui diminueraient les effets bénéfiques de la résilience [4] ».
À l’image d’autres concepts, la résilience pour devenir opérationnelle, doit trouver une expression de mesure. Dauphiné & Provitolo indiquent que les premières mesures quantifiées ont été fournies par les définitions disciplinaires : « (…) en écologie, la résilience est mesurée par la disparition d’une partie ou de toutes les espèces d’un écosystème » ou encore « (…) évaluée par la persistance […] la résilience est alors l’inverse d’un temps de retour. Elle mesure en effet la durée nécessaire au retour à un équilibre après une perturbation. Ce temps de retour dépend de l’ampleur de la catastrophe, de l’adaptabilité de la société, et du type de bien considéré [5] ». Une autre méthode pour mesurer la résilience peut être le recours à des indicateurs (voir exemples ci-dessous).
Bien que les connaissances sur la résilience soient encore imparfaites, les experts encore rares et les stratégies trop récentes pour apprécier leurs qualités, Dauphiné & Provitolo affirment pour autant que « cette limite ne doit pas condamner cette démarche ».
[2] Dauphiné & Provitolo, Op.cit.
[3] voir les travaux de caractérisation des dynamiques des systèmes complexes de la Resilience Alliance et du Resilience Project (Navigating Social-Ecological Systems), dont : Arturo M. Calvente, Resiliencia : un concepto clave para la sustentabilidad, Universidad Abierta Interamericana - Centro de Altos Estudios Globales, Juin 2007 : http://www.sustentabilidad.uai.edu.ar/pdf/cs/UAIS-CS-200-003%20-%20Resiliencia.pdf
[4] « À titre d’exemple, l’ex-URSS était un système politique très résistant, mais peu résilient », cf. Dauphiné & Provitolo, Op.cit.
[5] Dauphiné & Provitolo, Op.cit.
Historique de la définition et de sa diffusion
Le mot de résilience trouve son origine dans le latin Resilio, qui signifie rebondir. « La résilience physique mesure la capacité d’un objet à retrouver son état initial après un choc ou une pression continue [1] ».
C’est à Crawford Holling que l’on doit la première introduction en 1973 de la notion de résilience dans la littérature ayant trait à l’écologie, et décrite comme une forme pour comprendre les dynamiques non linéaires tout comme les processus au travers desquelles les écosystèmes s’auto-maintiennent et persistent face à des perturbations et à des changements.
[2]
[1] Mathieu J.-P., Dictionnaire de physique, Paris, Masson, 1991, cité in André Dauphiné & Damienne Provitolo, Op.cit.
[2] Cf. Arturo M. Calvente, Resiliencia : un concepto clave para la sustentabilidad, Universidad Abierta Interamericana - Centro de Altos Estudios Globales, Juin 2007 :
http://www.sustentabilidad.uai.edu.ar/pdf/cs/UAIS-CS-200-003%20-%20Resiliencia.pdf
Utilisations et citations
La notion est aujourd’hui utilisée dans des travaux interdisciplinaires et transversaux et investie par des champs différents, comme on l’a vu, de l’économie à la physique, en passant même par la défense [1].
En écologie, il convient pourtant d’insister sur une conception de la résilience comme stratégie de gestion de risque, afin de ne pas tomber dans le travers consistant à la considérer comme seule capacité de la terre à se régénérer face aux dégradations induites par l’intervention humaine. La résilience englobe dés lors un champ plus large ayant trait aux relations entre la nature et la société.
Ainsi, l’Organisation des Nations Unies (ONU), durant la Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles (IDNDR 1990-1999) a incité à la prise en compte de la résilience pour améliorer la gestion des crises, selon un double intérêt, stratégique et opérationnel. [2]
D’autre part, l’African Biodiversity Network (ABN) parle également de communautés résilientes, c’est à dire celles qui font preuve de la capacité « à supporter des pressions internes et externes et des menaces. La résilience rend possible l’adaptation et la résistance, la cohérence et l’apprentissage intergénérationnel. Les communautés peuvent être résilientes lorsqu’elles se rendent maitresses et qu’elles sont conscientes de leur futur et qu’elles peuvent agir ensemble pour protéger leurs droits ». [3]
Michael Ungar du Resilience Research Centre, livre une définition transversale et englobante de la résilience : « Dans un contexte d’exposition à l’adversité, la résilience désigne à la fois la faculté des individus de se munir de ressources psychologiques, sociales, culturelles et physiques qui assurent leur bien être, et leur capacité à négocier de manière individuelle et collective pour que ces moyens leurs soient fournis de manière significative suivant leur culture ». [4].
Enfin, le collectif Richesse mentionne également la nécessité de construire une capacité de résilience par rapport aux prochaines crises et face à ce Patrick Viveret nomme le « processus de sidération [5] ».
[1] où elle représente « l’aptitude de notre pays à encaisser puis à surmonter un choc extérieur de quelque ordre qu’il soit » et tel qu’elle est décrite dans le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale en 2008. « Ce principe se décline dans le domaine des organisations mais touche aussi la population ; on le dénomme alors résilience nationale (community resilience chez les anglo-saxons) ». cf. Vincent Sébastien (École de Guerre), De la résilience à l’esprit de défense, Le Monde.fr - Point de vue, 22/11/2011 : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/22/de-la-resilience-a-l-esprit-de-defense_1607391_3232.html
[2] cf. 3. La résilience comme outil de gestion des risques et des catastrophes In André Dauphiné & Damienne Provitolo, Op.cit.
[3] Traduction libre du site de l’ABN :
http://www.africanbiodiversity.org/content/ecosystems_and_community_resilience_ecr
[4] Traduction libre de la définition donnée par le Resilience Research Centre : http://www.resilienceproject.org/#What_is_Resilience
[5] philosopher avec Patrick Viveret ; Construire une résilience...de la sidération au désir ; 13e session de l’Université Intégrale du Club de Budapest : « Nouvelles valeurs, nouvelles richesses, nouvelles mesures, nouvelles monnaies », 19/09/2011 : http://jef-safi.net/spip/spip.php?article172 (avec une vidéo disponible)
Pour aller plus loin
Plus de ressources avec la recherche Scrutari.
Autres références
Lucas, Nicolas J. & Elena Bennett. 2006. Resilience and Pluralism : Ecosystems and Society in a Great Transition. GTI Paper Series n°14. Boston : Tellus Institute and Great Transition Initiative.
Rob Hopkins, Manuel de Transition : de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Editions Écosociété, 216 pages.
André Dauphiné & Damienne Provitolo, « La résilience : un concept pour la gestion des risques », Annales de géographie 2/2007 (n° 654), p. 115-125 :
www.cairn.info/revue-annales-de-geographie-2007-2-page-115.htm
Carpenter S. ; B. Walker ; J.Marty A ; N. Abel (2001), From metaphor to measurement : resilience of what to what ?, Ecosystems 4:765-781, cité sur le site de l’Institut National d’Écologie du Mexique : http://www.ine.gob.mx/glosario
Agnès Sinaï, Fukushima ou la fin de l’Anthropocène, Juin 2011 :
http://www.institutmomentum.org/2011/06/fukushima-ou-la-fin-de-lanthropocene
Sitographie :
Resilience Alliance : http://www.resalliance.org/
Institut Momentum : http://www.institutmomentum.org/
Resilience Research Centre : http://www.resilienceproject.org/
Institut National d’Écologie du Mexique (Glossaire) : http://www.ine.gob.mx/glosario