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BIODIVERSITÉ SAUVAGE
Désigne la biodiversité des êtres vivants non cultivés par l’homme. Au sens strict il s’agit de la biodiversité dans les espaces peu ou faiblement modifiés par l’homme. Au sens large, la biodiversité sauvage comprend la biodiversité commensale. La diminution de la biodiversité sauvage est telle depuis un demi-siècle que les naturalistes parlent de sixième extinction.
Matthieu Calame, pour la COREDEM
Définition développée
Quelques Chiffres
La diminution de la biodiversité concerne les écosystèmes, les espèces et les gènes. Voici quelques tendances et chiffres au niveau européen :
Seulement 1 à 3 % des forêts européennes sont considérées comme n’ayant pas été modifiées par l’homme.
Depuis 1950, l’Europe a perdu plus de la moitié de ses zones humides et la plupart de ses terres agricoles à haute valeur naturelle.
La plupart des grands stocks halieutiques se situent sous les limites biologiques de sécurité et sont donc insuffisant pour assurer un renouvellement des stocks à long terme.
800 espèces végétales sont menacées d’extinction totale.
Plus de 40 % des mammifères indigènes, des oiseaux, des reptiles ou encore des papillons sont menacés [1]
Les causes du déclin de la biodiversité sauvage
La planète traverse aujourd’hui la sixième grande crise d’extinction des espèces depuis le début de la vie sur terre il y a 3,8 milliards d’année, selon les spécialistes de la biodiversité. A la différence des cinq crises précédentes qui se sont étalées sur des milliers, voire des millions d’années, la crise actuelle se compte en dizaines d’années ou en siècles, mettant ainsi en danger la capacité d’adaptation des espèces. En effet, l’activité humaine a accéléré le rythme d’extinction, qui est au moins 100 fois supérieur au rythme naturel d’extinction.
Les principales menaces contre la biodiversité sont d’origine humaines :
La fragmentation, la dégradation et la destruction des habitats par l’intensification des systèmes de production, l’abandon des pratiques traditionnelles et l’introduction d’espèces invasives. Selon l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire, ce facteur menace la biodiversité en Europe plus qu’ailleurs.
Au niveau mondial, la croissance démographique entraîne une augmentation de la consommation des ressources naturelles et une artificialisation croissante des milieux (urbanisation, infrastructures de logement et de transport), notamment dans les pays en voie de développement.
Le changement climatique engendre déjà une modification de comportement de certaines espèces.
Pourquoi préserver la biodiversité sauvage ?
La vision anthropocentrée européenne place souvent en premier les services rendus par la biodiversité aux hommes :
production de biens (alimentation, textile, eau propre, bois, ressources pharmaceutiques, cycle des sols)
services de régulation (régulation du climat, dépollution de l’eau, pollinisation, cycles des éléments nutritifs, régulation des populations de ravageurs, séquestration du carbone)
services culturels (bienfaits récréatifs, esthétiques)
Cependant, il ne faut pas négliger la valeur intrinsèque de la nature dont chaque élément (gènes, espèces, écosystèmes) est le résultat et l’aboutissement d’une évolution biologique qui s’étend sur des milliers d’années. Tous ces éléments interagissent et sont étroitement imbriqués : les menaces qui pèsent sur l’un d’eux menace le tout. La stabilité des écosystèmes dépendent de la multitude des comportements adaptatifs contenue dans le vivant.
Quelles sont les politiques de conservation de la biodiversité sauvage en Europe et leurs limites ?
Natura 2000
L’Union Européenne s’appuie sur deux « directives de la nature » (Directive « Oiseau » votée en 1979 et Directive « Habitat » votée en 1992) pour mettre en place un réseau de sites à très haute valeur naturelle appelé Natura 2000. Ce réseau couvre 18 % de la superficie de l’Europe des 15 et représente 200 des principaux types d’habitat européens. L’extension aux 10 nouveaux membres est en bonne voie. Concrètement, les sites inscrits dans ce réseau font l’objet d’une évaluation et d’un suivi de la biodiversité et d’un plan de gestion pris en charge par un organisme de gestion local (public ou privé). Ces organismes sont financés pour les mesures de restauration des milieux et de conservation par l’Union Européenne et par l’État membre concerné. L’Union Européenne soutient également les plans de conservation par espèce menacée d’extinction.
Mesures dans les politiques sectorielles
Ce réseau ne couvre pas tout le territoire et une grande partie de la biodiversité s’en trouve exclu ; l’Europe s’attache donc à prendre en compte la préservation de la biodiversité dans ses politiques agricoles, de la pêche et autre. Cependant, les États membres sont responsables de la mise en place concrète de ces politiques sectorielles, ce qui engendre des disparités d’application entre les états. En France par exemple, la réforme de la Politique agricole commune n’est pas appliquée dans l’objectif de favoriser la préservation de l’environnement et de la biodiversité.
Les politiques des États
En France par exemple, les régions et les départements mettent en place des politiques en faveur de la biodiversité en finançant des associations de protection de la nature pour qu’elle gère des sites naturels et sensibilisent le public. Les départements peuvent également mettre en place un système de taxe sur les constructions utilisée pour acquérir des sites à haute valeur naturelle et pour y appliquer une gestion de conservation des espèces et des habitats. Au niveau des zones littorales et lacustres, un établissement public national, « le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres » mène une politique foncière visant la protection définitive des espaces naturels fragiles ou menacés.
Que devons-nous entreprendre pour enrayer l’érosion de la biodiversité ?
L’agriculture biologique garante de la conservation de la biodiversité banale
Au niveau Européen, la politique agricole commune reste trop faible en matière de biodiversité et inégalement appliquée sur le territoire. Un rééquilibrage des aides au détriment de la production, pour la protection de l’environnement doit être fait. Dans ce cadre les aides à l’agriculture biologique doivent augmenter et se pérenniser dans le temps.
Pour une agriculture à haute valeur-ajoutée environnementale : aménagement des parcelles et pratiques favorables à la biodiversité et aux paysages
Développer les connexions entre sites à haute valeur environnementales pour permettre un maintien des populations
Développer la sensibilisation au développement durable et à la préservation de la biodiversité.
Plus globalement Améliorer la gouvernance de la biodiversité, dans le cadre d’une Agence mondiale de l’environnement
[1] cf. Matthieu Calame, La biodiversité sauvage : définition, enjeux et engagements de l’Europe et ses limites, septembre 2007 : http://www.china-europa-forum.net/bdfdoc-843_fr.html & voir : Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, www.maweb.org
Pour aller plus loin
Plus de ressources avec la recherche Scrutari.
Autres références
Matthieu Calame, La biodiversité sauvage : définition, enjeux et engagements de l’Europe et ses limites, septembre 2007 : http://www.china-europa-forum.net/bdfdoc-843_fr.html