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TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
La transition énergétique est un processus impliquant de repenser « la conception même des systèmes énergétiques [1] » en faisant appel à un ensemble de solutions : diversification des sources d’énergie (camaïeu énergétique), réduction de la consommation, efficacité énergétique et réduction des émissions de CO2 [2].
La transition énergétique désigne ainsi le passage d’un modèle énergétique basé, pour une large majorité, sur les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), à un nouveau paradigme dans lequel les énergies non carbonées et notamment renouvelables, deviendront dominantes.
[1] Bernard Laponche (tribune), À quand la transition énergétique ?, Libération, 8/04/2011, disponible sur le site de Global Chance : http://www.global-chance.org/spip.php?article237
[2] ou « transition carbone », par le contrôle au sein du mix énergétique, le captage et le stockage de CO2
COREDEM, sur la base des travaux de Bernard Laponche.
Exemples
Des scénarios pour assurer la transition énergétique :
Les travaux des économistes de Grenoble : B. Château et B. Lapillonne : www.enerdata.net
le scénario NOÉ (Nouvelles Options Énergétiques) du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) : www.global-chance.org
le scénario NégaWatt : www.negawatt.org
Voir également les déclinaisons locales des Scénario Virage Energie ou energy shift scenario, en anglais.
- et les scénarios IIASA : www.iiasa.ac.at
Pour une illustration, voir la carte proposée par Le Monde diplomatique : http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/transitionenergetique
Définition développée
Selon B. Laponche « Le nouveau paradigme énergétique est fondé sur le fait que l’on peut, en agissant sur les facteurs de la consommation, obtenir la satisfaction des services énergétiques (confort, déplacement, production) avec des consommations d’énergie très inférieures. Les actions sur la demande deviennent alors au moins aussi importantes que les actions sur l’offre […]. L’expérience acquise dans les pays européens occidentaux, [voir exemples], montre […] qu’il est parfaitement possible de réduire considérablement la consommation d’énergie dans les pays industrialisés et de remplacer progressivement les énergies de stock par des énergies de flux qui devraient couvrir les besoins à l’horizon d’un demi-siècle [1] ».
Outre l’épuisement des ressources fossiles [2], et pour certains, les risques que comportent le nucléaire, la question de la transition se fonde sur l’idée d’une apogée de notre modèle de civilisation et du risque de déclin inéluctable [3] voire d’un « effondrement [4] », englobant celui de la biodiversité et le réchauffement climatique.
Elle appelle une relocalisation de la question de l’énergie : « Le système centralisé et pyramidal laisse la place à une économie énergétique où le local, à l’échelle des territoires, devient prépondérant puisque c’est absolument partout (pays riches et pays pauvres, villes et milieu rural) que l’on peut développer économies d’énergie et énergies renouvelables. Et c’est d’ailleurs dans cette application locale des deux démarches, imbriquées et complémentaires, que va se réaliser la véritable transition énergétique qui sera également sociale et politique [5] ». Elle suppose ainsi, un véritable choix de société, une « affaire de citoyens » selon l’expression de B. Dessus et H. Gassin [6].
Luc Semal voit dans ce concept un « mythe pacificateur » qui « contribue à définir cette transition comme une nécessité et comme un scénario d’anti-effondrement » et qui a pour force « d’offrir à des porteurs d’intérêts divergents un socle commun de ce type, sur la base duquel il devient possible d’entamer une discussion [7] ».
S’il mentionne également les notions de « contraction » et de « décroissance énergétique [8] », le site Villesentransition (Transition Network) souligne que ce concept est sous-tendu par plusieurs principes, dont « l’intégration de tout le monde (habitants, élus, entreprises, agriculteurs, associations) » et de « rebâtir la résilience locale » et qu’il suppose de « faire preuve de pédagogie en laissant les gens découvrir eux-mêmes les problèmes et imaginer eux-mêmes les solutions » afin que de favoriser une « psychologie du changement [9] ».
En outre, le concept de transition énergétique a donné lieu à l’élaboration de scénarios, (voir exemples), dont un reprend à son compte l’idée de Amory Lovins (fondateur du Rocky Mountain Institute), le Négawatt, entendu comme un gisement d’économie d’énergie. Ainsi l’association Négawatt milite pour « rendre possible ce qui est souhaitable » et se fonde pour cela sur un triptyque : « sobriété, efficacité, énergies renouvelables », sans omettre de poser la question de la méthode et du coût d’une telle transition énergétique.
[1] Bernard Laponche, Op. cit.
[2] le peak oil, le pic pétrolier aurait déjà été atteint en 2006 pour les pétroles conventionnels selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), World Energy Outlook 2010, 736 pages, et ce face à une « consommation mondiale d’énergies primaires [qui] était de 12,2 milliards de TEP (tonne équivalent pétrole), se partageant en 87% d’énergies de stock (dont 33% pétrole, 27% charbon, 21% gaz naturel, 6% uranium) et 13% d’énergies de flux (10% biomasse, 3% hydraulique, éolien, solaire, géothermie) », Bernard Laponche, Op. cit.
[3] Howard T. Odum et Elisabeth C. Odum, 2008, A Prosperous Way Down : Principles and Policies, University Press of Colorado, 2001 (1ère édition), 348 p.
[4] à savoir une « une réduction drastique de la population humaine et/ou de la complexité politique/économique/sociale, sur une zone étendue et une durée importante », cf. Jared Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Paris, Gallimard, Collection « NRF Essais », 2006, p.15.
[5] cf. Bernard Laponche, Op. Cit.
[6] Benjamin Dessus & Hélène Gassin, So watt ? L’énergie : une affaire de citoyens, Editions de l’Aube, La Tour-d’Aigues, 2005 ; ou comme l’explique Bernard Laponche : « D’un système pyramidal du producteur au consommateur (qui n’a qu’à payer sa facture), on passera à un système bâti sur le citoyen responsable, consommateur-producteur, acteur majeur de la transition énergétique, substituant un réseau horizontal et interactif au réseau de haut en bas du paradigme traditionnel » cf. Bernard Laponche, Op. cit.
[7] Luc Semal, Choisir une transition énergétique : laquelle, jusqu’à quand et jusqu’à quoi ?, Intérêts, ambiguïtés et limites d’un mythe pacificateur, 11 février 2009 : http://www.gabrielperi.fr/Choisir-une-transition-energetique
[8] "energy descent" en anglais, formulé en 2001 par Howard T. Odum & Elisabeth C. Odum, selon lesquels « la décroissance énergétique est la seule alternative qui s’offre à nous après une ère de croissance énergétique ("energy ascent") caractérisée par l’abondance de ressources fossiles (pétrole) à bon marché » et selon l’idée qu’« il n’y aura pas de développement durable sans décroissance de la consommation des ressources géologiques » ; cf. Adaptation de What is energy descent de Rob Hopkins par Bernard Lebleu : http://villesentransition.net/transition/pages/a-z/decroissance_energetique
Historique de la définition et de sa diffusion
Luc Semal précise que « L’émergence de cette interrogation dans le débat public date du début des années 1970, c’est-à-dire des débuts de l’écologie politique : c’est à cette époque que, pour la première fois, des appels significatifs ont été lancés pour entamer une grande transition (y compris énergétique), de manière à anticiper l’épuisement des ressources (y compris le pétrole) et à nous éviter d’avoir à pâtir plus tard des effets de nos pollutions croissantes (y compris la pollution de l’atmosphère par les gaz à effet de serre, déjà fortement suspectés à l’époque de pouvoir dangereusement perturber le climat). Ainsi, dès 1972, le rapport Meadows [1] rédigé pour le Club de Rome annonçait cette idée d’une transition nécessaire, notamment sur le plan énergétique : « Le choix est donc clair : ou bien ne se soucier que de ses intérêts à court terme, et poursuivre l’expansion exponentielle qui mène le système global jusqu’aux limites de la Terre et à l’effondrement final, ou bien définir l’objectif, s’engager à y parvenir et commencer, progressivement, rigoureusement, la transition vers l’état d’équilibre [2] »
Utilisations et citations
Outre le terme de transition, nous avons vu que d’autres, dont Odum & Odum, parle de décroissance énergétique. Rob Hopkins, le fondateur des Transition Towns, en livre la définition suivante « [...] le déclin inexorable des ressources nettes disponibles pour soutenir l’humanité, lequel reflète la croissance de la demande en énergies depuis la Révolution industrielle. Il s’agit d’un scénario d’avenir selon lequel le monde aura su s’adapter à cette diminution en relocalisant son activité et redéveloppant son autonomie (résilience) ». Le site Villesentransition.net ajoute : « Pour Hopkins, la décroissance énergétique est la seule alternative à un avenir où les nations risquent de s’affronter dans des combats sans merci pour les ressources naturelles : « L’idée de décroissance est mûre. C’est une nouvelle frontière qu’il faut aborder avec enthousiasme et détermination, en autant que chacun comprenne la nécessité de diminuer la consommation ». [1].
[1] cf. Adaptation de What is energy descent [ http://transitionculture.org/essential-info/what-is-energy-descent ] de Rob Hopkins, par Bernard Lebleu : http://villesentransition.net/transition/pages/a-z/decroissance_energetique
Pour aller plus loin
Plus de ressources avec la recherche Scrutari.
Références
Benjamin Dessus, Énergie, un défi planétaire, Éditions Belin, Paris, 1995 (réédité en 2002).
Benjamin Dessus & Hélène Gassin, So watt ? L’énergie : une affaire de citoyens, Éditions de l’Aube, La Tour-d’Aigues, 2005
Howard T. Odum & Elisabeth C. Odum, 2008, A Prosperous Way Down : Principles and Policies, University Press of Colorado, (1ère edition : 2001), 348 p.
J. Goldemberg, Énergie pour un monde vivable, Ministère de la coopération et du développement, Paris, 1990.
Jared Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Paris, Gallimard, Collection « NRF Essais », 2006.
Amory B. Lovins, Stratégies énergétiques planétaire : les faits, les débats, les options…, Éditions Christian Bourgois, 1975.
Tribune de Bernard Laponche, A quand la transition énergétique ?, Libération, 8/04/2011, disponible sur le site de Global Chance : http://www.global-chance.org/spip.php?article237
Elaine Baker, Emmanuelle Bournay, Benjamin Dessus et Philippe Rekacewicz, La « transition » énergétique, Le Monde Diplomatique, janvier 2005 : http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/transitionenergetique
Elaine Baker, Emmanuelle Bournay, Benjamin Dessus et Philippe Rekacewicz, Les différents scénarios énergétiques de référence et prospectifs, Le Monde Diplomatique, janvier 2005, http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/scenariosenergetiques
Denis Babusiaux et Pierre-René Bauquis, Anticiper la fin du pétrole, Le Monde Diplomatique, janvier 2005 : http://www.monde-diplomatique.fr/2005/01/BABUSIAUX/11803
Elaine Baker, Emmanuelle Bournay, Benjamin Dessus et Philippe Rekacewicz, Des choix qui engagent pour cent ans, Le Monde Diplomatique, Janvier 2005 : http://www.monde-diplomatique.fr/2005/01/BAKER/11962
Graphiques et cartes téléchargeables ici : http://www.monde-diplomatique.fr/IMG/pdf/dossier_energie.pdf
Ivan du Roy, La France idéale, selon négaWatt, Basta !, 30/09/2011 : http://www.bastamag.net/article1774.html
Lien vers le scénario Négawatt 2011 : http://www.negawatt.org/scenario-negawatt-2011-p46.html
Film :
Gregory Green, The End of Suburbia, The Oil Depletion and The Collapse of The American Dream, 2006, 52 min.
Voir le documentaire : http://www.youtube.com/watch?v=Q3uvzcY2Xug
Sitographie :
Global chance : http://www.global-chance.org/
Négawatt : http://www.negawatt.org/
Enerdata : http://www.enerdata.net/
Transition-énergie : http://www.transition-energie.com
Rocky Mountain Institute : www.rmi.org
World Energy Assessment : www.undp.org/energy/activities/wea