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BIODIVERSITÉ DOMESTIQUE / CULTIVÉE

Désigne la biodiversité des plantes et animaux cultivés. Un consensus existe désormais pour constater l’effondrement de la biodiversité domestique au cours du XXème siècle par la disparition de nombreuses variétés et races.

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Matthieu Calame, pour la COREDEM

Exemples

Variétés de blé, de fruits, de légumes, de poules, et généralement de toutes les espèces domestiquées [1].

[1Matthieu Calame, Érosion de la biodiversité domestique, Vision européenne, septembre 2007 : http://www.china-europa-forum.net/bdfdoc-842_fr.html

Définition développée

« On distingue à cet égard trois niveaux de diversité :
– La diversité interspécifique, c’est à dire la diversité des espèces domestiquées et cultivées par l’homme. […]
– La diversité spécifiquement, terme qui recouvre les différentes variétés que l’homme a constituées au sein d’une même espèce. Diversité des variétés de pomme, par exemple.
– Enfin la diversité intravariétale, c’est à dire la diversité à l’intérieur d’une même variété entre les individus qui la composent.
 [1] ».

[1Matthieu Calame, Érosion de la biodiversité domestique, Vision européenne, septembre 2007 : http://www.china-europa-forum.net/bdfdoc-842_fr.html

Historique de la définition et de sa diffusion

Origine de la biodiversité cultivée

Le processus de domestication a conduit l’homme à orienter la reproduction de plusieurs espèces sauvages et à appliquer ses propres critères de sélection. Ces critères peuvent être liés à la production (résistance, qualité, productivité), ou peuvent être culturels (couleur, forme, originalité). En accompagnant la sélection naturelle de ces espèces, l’homme a lentement constitué des populations distinctes des populations sauvages au moins d’un point de vue phénotypique (aspect extérieur). Si la domestication est ancienne, les populations domestiquées ont parfois pu aller jusqu’à une spéciation quasi complète. Ceci signifie que ces populations domestiques ne peuvent plus se reproduire avec leur cousin sauvage : les deux populations forment des espèces distinctes.

Une co-évolution

Ces variétés sont issues pour l’essentiel d’un travail millénaire de sélection principalement massale effectuée par les communautés paysannes. Elles continuent d’évoluer constamment.
Par ailleurs ces variétés sont indissociables des pratiques agricoles humaines qui leur constituent un environnement spécifique. L’apport d’engrais, d’eau, l’élimination des plantes concurrentes, autant que le choix par l’homme des reproducteurs, façonnent la trajectoire évolutive de ces populations.
D’ailleurs, dès que ces populations se retrouvent à l’état naturel elles disparaissent ou retrouvent rapidement leur aspect sauvage. L’exemple le plus connu est celui des chevaux d’Amérique du nord issus des chevaux espagnols. Alors que ces derniers tendaient à avoir une robe unie, due aux choix de croisement des éleveurs, les chevaux sauvages retrouvèrent très vite des robes bigarrées.

Ainsi, la biodiversité cultivée « a beaucoup évolué en Europe par le passé. Suite à la découverte des Amériques par les européens, ces derniers adoptèrent des espèces d’origine américaine comme la pomme de terre, la tomate, le maïs. D’une manière générale peu des espèces que les européens cultivent ou élèvent ont été domestiquées sur le territoire européen. Le moyen-orient a de très loin été le lieu de domestication primaire qui a fourni le plus d’espèces à l’Europe. L’espace chinois a toutefois contribué de manière très importante à l’enrichissement du nombre des espèces cultivées en Europe, notamment en matière d’arbres fruitiers [1] ».

[1Matthieu Calame, Erosion de la biodiversité domestique, Vision européenne, septembre 2007 : http://www.china-europa-forum.net/bdfdoc-842_fr.html

Utilisations et citations

Menace sur la biodiversité cultivée  [1]

L’industrialisation de l’agriculture et la spécialisation de la sélection variétale a conduit dès le début du 20ème siècle, et de manière accélérée après la 2nde guerre mondiale, à une érosion de la biodiversité cultivée dans les champs : les variétés populations, de base génétique large et évolutive, sont peu à peu remplacées par des variétés fixées, stables et homogènes, de base génétique étroite (variétés lignées pures, variétés hybrides [2] ). La FAO estime que « depuis le début du siècle, quelque 75 pour cent de la diversité génétique des plantes cultivées ont été perdus. Nous dépendons dans une mesure croissante d’un nombre de plus en plus réduit de variétés cultivées et, en conséquence, de réserves génétiques de moins en moins abondantes. Cela tient principalement au remplacement des variétés traditionnelles par des variétés commerciales uniformes - même, et c’est là le plus inquiétant, dans les centres de diversité. Lorsque les agriculteurs abandonnent des écotypes locaux en faveur de nouvelles variétés, les variétés traditionnelles s’éteignent. L’introduction, qui a commencé dans les années 50, de céréales à haut rendement mises au point par des instituts internationaux de sélection végétale a conduit à la révolution verte. La propagation des nouvelles variétés dans le monde en développement a été spectaculaire. En 1990, elles couvraient la moitié du total des terres emblavées et plus de la moitié des rizières-soit en tout quelque 115 millions d’hectares. Certes, les rendements ont fortement augmenté, mais au détriment de la diversité des plantes cultivées. [3] ». Cette érosion est particulièrement marquée dans les pays dont l’agriculture est fortement industrialisée. Dans ces pays, les semences ont été normalisées et définies techniquement de manière à être une marchandise identifiable, comme n’importe quel bien industriel, comme « une marchandise saine et loyale ». Pour cela les semences doivent être issues de variétés « distinctes, homogènes, et stables » [4], ce qui exclut les populations à base génétique large qui sont nécessairement évolutives. Ainsi en Europe, dès les années 70, les semence paysanne n’ont plus d’existence légale : la réglementation sur les semences et plants considère implicitement que les agriculteurs sont des utilisateurs de semences commerciales (lignées pures ou hybrides F1) dont la reproduction est considérée comme une contrefaçon, affectant les droits de propriété intellectuelle des sélectionneurs. En France, les pouvoirs publics reconnaissent explicitement cette érosion dans la charte nationale pour la gestion des ressources génétiques qui indique que « La diversité génétique des espèces et des individus fonde la richesse du monde vivant que nous exploitons. Elle a émergé d’un long processus d’évolution naturelle et du travail patient des agriculteurs et des éleveurs. Pressées depuis une centaine d’années par leurs besoins, nos sociétés développent une maîtrise génétique et une utilisation à grande échelle de races animales, de variétés végétales et de souches microbiennes performantes et homogènes. En conséquence, la diversité génétique régresse et, avec elle, la réserve génétique dans laquelle il faudra éventuellement puiser pour satisfaire aux changements globaux et aux besoins de société incertains de l’avenir... [5] ».

[1cf. Sandrine Chastang

[2Jennifer Kendall (Bio d’Aquitaine), Le développement des "Maisons de la Semence Paysanne" en France : http://www.natpro.be/dossiers/etudes/semerlabiodiversite/4ledeveloppementdesmaisonsdelasemence.html

[3FAO, VALORISONS LA DIVERSITÉ DE LA NATURE..., La biodiversité au service de l’humanité : http://www.fao.org/DOCREP/004/V1430F/V1430F04.htm

[4cf. Décret 81-605 du 18 mai 1981, (J.O. Du 20 mai 1981).

[5cf. Charte Nationale pour la gestion des ressources génétiques, adoptée en 1998

Pour aller plus loin

Plus de ressources avec la recherche Scrutari.

Plus de ressources avec la recherche Scrutari.

Autres références

Matthieu Calame, Érosion de la biodiversité domestique, Vision européenne, septembre 2007 : http://www.china-europa-forum.net/bdfdoc-842_fr.html

RSP, FNAB & Confédération paysanne, La biodiversité cultivée aura-t-elle le droit de sortir des boites de conserve où elle est enfermée ?, (Communiqué de presse), 20/01/2009 : http://www.semencespaysannes.org/bdf/bip/fiche-bip-130.html

Sitographie :

Réseau Semences Paysannes (RSP) : http://www.semencespaysannes.org

Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) : http://www.fnab.org

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